Les 35es Journées nationales de santé au travail dans le BTP se tiendront à Metz, au centre des congrès Robert-Schuman, du mercredi 22 au vendredi 24 mai 2019. Elles auront pour thèmes principaux les risques liés aux particules fines (diesel, silice, soudage) ainsi que la prévention primaire en entreprise.
Les Journées nationales de santé au travail se tiennent tous les deux ans, dans la région d’un des 28 services interentreprises professionnels de santé au travail BTP que compte le pays, autour de thématiques choisies par le comité scientifique de l’événement. La dernière édition s’est tenue en 2017 à Dijon et avait pour thème l’amiante.
Plus de 500 congressistes sont attendus à Metz. Pr Paul Frimat, auteur d’un récent rapport sur les risques chimiques modérera la table ronde consacrée à la prévention primaire en entreprise. Le Président de la région Grand Est, Jean Rottner, sera présent ainsi que le Doyen de la faculté de médecine de Nancy, Pr Marc Braun, pour inaugurer ce congrès. M. Malek Boukerchi, « ultra-marathonien de l’extrême » témoignera de la façon dont il préserve son organisme pour améliorer ses performances.
En marge des réunions plénières, un espace exposants accueillera différents stands présentant des nouveautés et des solutions pratiques liées à la prévention et à la santé au travail.
Profitant de la situation frontalière de la Lorraine, les 35es Journées nationales de santé au travail dans le BTP, porteront aussi leur regard sur les pratiques de nos voisins européens les plus proches : l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg. « Des pays dans lesquels on pratique déjà certaines mesures envisagées dans le projet de réforme du système des services de santé au travail », souligne Mme Annick Gérard, Directrice du SIST-BTP Lorraine.
Le Service Interentreprises de Santé au Travail du BTP de Lorraine a souhaité dédier à ses entreprises adhérentes la première journée de ces 35èmes Journées Nationales de Santé au Travail dans le BTP. Au programme la Prévention Primaire, ses enjeux, regards croisés sur les pratiques de nos voisins frontaliers, solutions et innovations.
Partant du constat qu’une entreprise sur deux ne répond toujours pas à l’obligation de remplir le Document unique d’évaluation des risques professionnels (créé par décret en 2001), la question se pose aujourd’hui sur la meilleure façon d’améliorer le système français de prévention et de santé au travail.
« Les organismes chargés de la prévention existent en France, depuis 1946-47, soit plus de soixante-dix ans. Ils ont permis d’améliorer la situation. Mais à l’évidence, on a pris du retard. Le système n’a pas su s’adapter à l’évolution des entreprises, notamment au fait que 80% d’entre elles sont des TPE (très petites entreprises). Il y a nécessité à mettre en place un véritable coaching à destination de ces entrepreneurs », estime Pr Paul Frimat, Professeur Emerite Médecine et Santé au travail de l’Université de Lille et auteur, en 2018, d’un rapport sur les risques chimiques, commandé par le ministère du Travail.
Le Professeur Frimat qui modérera le débat d’ouverture des 35e Journées nationales de santé au travail dans le BTP (Metz, 22 au 24 mai 2019) défend une approche, en amont, pluridisciplinaire et au plus près du terrain : « Le meilleur maillage est celui des services de santé au travail qui ont besoin de monter en compétences ». Plus largement, selon lui, le changement des mentalités reste à l’ordre du jour : « En France, nous sommes encore dans une culture qui cherche un coupable et qui – ensuite seulement – répare. Nous devons parvenir à faire comprendre que des salariés en bonne santé, ce sont des entreprises en bonne santé. La prévention n’est pas un coût, mais un investissement ».
Chaque pic de pollution, est l’occasion de rappeler aux Français la présence dans l’atmosphère de ces microparticules de moins de 2,5 microns de diamètre, nocives pour la santé. En effet celles-ci peuvent s’infiltrer au plus profond des alvéoles pulmonaires et sont même capables de traverser les masques de protection en papier.
Selon une étude publiée par la revue médicale The Lancet, « On estime que les maladies causées par la pollution ont été responsables de neuf millions de morts prématurées en 2015, soit 16 % de l’ensemble des décès dans le monde », ce qui équivaut à trois fois plus de morts que le sida, la tuberculose et le paludisme réunis.
Certaines activités professionnelles, notamment dans la construction, peuvent exposer également les travailleurs à ces particules dangereuses à long terme. Tel est le cas de la silice qui n’était pas toujours considérée comme toxique en tant que telle, mais dont l’inhalation sous forme de poussières, peut être à l’origine de maladies. De même, les activités de soudage et de brasage ne sont pas sans conséquences sur la santé et doivent faire l’objet de mesures de prévention adaptées.
C’est pourquoi les 35es Journées Nationales de santé au travail dans le BTP (Metz, 22 au 24 mai 2019) mettent un accent particulier sur ces thématiques d’actualité. Les trois grands axes retenus pour articuler les échanges scientifiques sont : la silice (par le Pr Christophe Paris, professeur universitaire en médecine du travail au CHU de Rennes), le soudage (par le Pr Pascal Andujar, professeur universitaire en médecine du travail au CHI de Créteil) et le diesel (par le Pr Jack Siemiatycki, professeur de médecine sociale et préventive à l’école de santé publique de l’université de Montréal).
Les particules fines sont régulièrement mises sur le devant de la scène lors des alertes à la pollution dans les agglomérations urbaines. L’extrême nocivité pour la santé de ces particules, dix fois plus petites que l’épaisseur d’un cheveu, vient d’être une fois encore confirmée par une étude allemande, rendue publique le 12 mars dernier, qui estime que la pollution serait responsable de 8,8 millions dans le monde, dont 67 000 rien qu’en France.
Or les particules fines ne sont pas uniquement générées par les transports (particulièrement par le diesel) et certains modes de chauffage. Elles sont aussi – dans une large mesure – produites par les activités industrielles et sont très présentes dans certains environnements de travail, notamment dans la construction.
Les 35es Journées nationales de santé au travail dans le BTP qui se dérouleront à Metz (22-24 mai 2019) mettent les particules fines au centre de leurs thématiques. Les entreprises utilisent aujourd’hui de nouveaux produits et se posent la question de la dangerosité de ces matières pour leurs salariés. D’autant plus que le recul manque encore pour affirmer leur innocuité sur le long terme, voire le très long terme. De telles incertitudes mettent en relief l’importance de la prévention dite « primaire » (ensemble des actions menées en amont sur les causes d’un risque), ainsi que du suivi des salariés.
Parallèlement aux évolutions des techniques et des produits, le système de santé au travail est à la veille de la réforme la plus importante qu’il ait connue depuis 1946. Dans le contexte du récent rapport Lecoq-DupuisForest et de la réforme annoncée par le Premier ministre, il convient de mettre en lumière le rôle central des Services de santé au travail (SST) dont la mission exclusive est justement d’éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail. Les SST sont un outil indispensable dans la prévention des risques professionnels, dans l’aide aux entreprises et dans l’amélioration des conditions de travail des salariés.
Les perspectives qui se dessinent pour les services de santé au travail devraient aller « vers un resserrement du lien entre médecine de ville et médecine du travail, une généralisation du travail en réseaux, un partage des connaissances et la lutte contre les déserts médicaux », pronostique Jacques Wetzel, Président des 35es journées nationales de santé au travail dans le BTP.
Vous êtes, entre autres, ultra-marathonien de l’extrême, de quoi s’agit-il ?
Malek Boukerchi - Par exemple pour l’Antarctic Ice Marathon, l’ultra-marathon des glaces auquel j’ai participé, le défi est de commencer par un marathon « traditionnel », c’est-à-dire 42 km puis d’enchaîner, deux jours plus tard, par une course de 100 km, le tout par des températures inférieures à – 45°. Le grand froid risque alors de vous brûler les voies respiratoires. Mais face à cela, on se prépare. Tout se joue en amont, comme c’est le cas dans la vie de tous les jours. La prévention de l’ultra-marathonien, c’est sa capacité à anticiper. Personnellement je me suis longuement entraîné en chambre froide dans la région parisienne.
Quels enseignements tirez-vous de ces expériences hors normes ?
Malek Boukerchi - Cette pratique – qui n’est qu’une de mes casquettes, puisque mon métier, c’est l’anthropologie du lien social – me permet d’expérimenter la question de la
préparation du corps dans des disciplines et des conditions extrêmes. Les ultra-marathoniens, nous sommes des spécialistes de la douceur : nous faisons tout pour que le corps puisse fonctionner et durer. Nous faisons en sorte que la douleur locale ne se transforme pas en souffrance générale. Nous savons que quand on violente son corps, on ne tient pas. Or, la première victoire, c’est de terminer la course.
Ces journées sont plus particulièrement consacrées aux dangers liés aux particules fines. Qu’est-ce que cela évoque pour vous ?
Malek Boukerchi - J’ai récemment participé à une course dans le Lascar, dans la Cordillère des Andes, entre la Bolivie et le Chili, à plus 5500 mètres d’altitude. On court alors en dette complète d’oxygène, un peu sous un nuage de particules ! Cela me fait penser à tous ces parasitages qu’ils soient physiques comme les particules fines mais aussi relationnels qui nous empêchent de respirer et bien vivre.